
Le développement accéléré de l’IA impose l’implantation de nombreux data centers de plus en plus importants en puissance de calcul qui imposent des dérapages inquiétants sur les ressources en eau pour leur refroidissement et sur leurs consommations électriques. Le 17 avril 2025, l’Arcep rend son enquête annuelle « Pour un numérique soutenable » : l’empreinte environnementale des équipementiers de réseaux mobiles est désormais évaluée, celle des opérateurs de centres de données et des opérateurs télécoms continue à augmenter (voir plus bas). Il faudrait aussi que soit examiné les conséquences des installations des data centers sur le réseau électrique.
La Quadrature du Net propose un argumentaire détaillé pour essayer de convaincre les parlementaires de décider d’un moratoire pour éviter un développement des gros data centers.
En effet le projet de loi fourre-tout sur la simplification de la vie économique, conçue sur mesure pour répondre aux demandes des industriels, contient un article 15 qui permettrait à l’État d’imposer la construction d’immenses data centers aux collectivités locales et à la population. Il s’agit d’empêcher le vote de cet article 15.
Par exemple un projet gigantesque est prévu à Eybens sur l’ancien site de HP, pour un investissement de 800 M€.
Les arguments principaux avancés par la Quadrature du net sont :
- Les data centers engendrent une intensification de la prédation des ressources en eau et en électricité. « Des instances de maîtrise démocratique de l’impact écologique et foncier de l’industrie de la tech doivent d’urgence être établies pour lutter contre ces prédations croisées sur l’eau et l’électricité, et assurer une trajectoire de sobriété. »
- Accompagnant la prolifération de l’IA, les data centers sont l’objet d’un déploiement territorial incontrôlable. « Il est nécessaire de mettre ce déploiement en pause, de construire une stratégie concertée sur des infrastructures du numériques qui répondent aux besoins de la société et non aux intérêts économiques de la tech et des fonds d’investissements qui la soutiennent. »
- Les data centers se multiplient dans une opacité systémique, sans prise en compte des alternatives. « Face à l’opacité systémique, il nous faut produire une connaissance précise qui prenne en compte les enjeux sociaux, écologiques et géopolitiques des infrastructures du numériques aussi bien que les alternatives aux technologies dominantes. »
- Les data centers sont des infrastructures sensibles à la dangerosité mal évaluée. « Les data centers sont des infrastructures dangereuses, et il est nécessaire de protéger les habitant.e.s et les écosystèmes des pollutions et des nuisances qu’ils engendrent. »
- Les data centers s’accompagnent d’impacts sociétaux nombreux et insoutenables. « Il faut reprendre la main sur les infrastructures du numériques et le monde qu’elles génèrent. Il ne s’agit jamais d’enjeux simplement techniques : derrière les data centers, de nombreux enjeux politiques doivent être soulevés et débattus. »
Enquête de l’Arcep :
Depuis 2020, l’implantation de nouveaux centres de données s’intensifie, se concentre en Ile-de-France et concerne des centres avec des capacités informatiques de plus en plus importantes. Sur l’ensemble des centres exploités par les opérateurs de centres de données en 2023 (près de 150), huit ont été mis en service sur la seule année 2023, dont six en Ile-de-France. Ces huit centres figurent parmi les plus puissants : ils disposent d’une capacité informatique moyenne de 11 MW par centre, bien supérieure à la moyenne de 3,8 MW des autres centres.
Parallèlement, les émissions de gaz à effet de serre des opérateurs de centres de données progressent de 11 % en 2023, en raison de l’augmentation significative des émissions indirectes liées à la consommation d’électricité. Cette dernière progresse de 8 % alors que la consommation d’électricité du secteur tertiaire (auquel appartiennent les centres de données) diminue. Les centres de données plus récents ou possédant une capacité informatique importante ont, en moyenne, une meilleure efficacité énergétique.
En outre, le volume d’eau prélevé par les centres de données, pour l’essentiel de l’eau potable, atteint 681 000 m3 en 2023, un niveau qui semble modeste pour l’instant au regard des volumes prélevés pour d’autres usages. Néanmoins ce volume augmente fortement pour la deuxième année consécutive (+ 19 % en 2023). La capacité informatique d’un centre de données correspond au niveau maximal de puissance électrique que peut fournir en instantané le centre de données aux équipements informatiques qui peuvent y être hébergés. La puissance électrique est exprimée en mégawatts (MW).